Il y aura… L’excitation d’avoir plusieurs années pour explorer un sujet nouveau, et potentiellement passionnant. La stimulation intellectuelle d’être au contact de chercheurs et de questions pointues. La joie de lire plein de choses nouvelles, de découvrir des idées, d’aller sur le terrain, de collecter des données. Et puis très vite il y aura aussi... la fatigue parce que ton cerveau sature et que ton corps ne bouge pas assez, les imprévus, le directeur de thèse qui ne te répond pas, l'article soumis qui est rejeté, ton ordinateur qui plante sans avoir enregistré, la frustration, quand ton idée brillante devient finalement banale, que tes résultats qui paraissaient prometteurs ne disent plus rien, ou disent tellement de choses que ça ne veut quand même rien dire, les tensions, parce que tu dois jongler entre la thèse, un article à soumettre, une conférence à préparer, ainsi que le travail hors-thèse, les cours à donner, les corrections de copies, et tes enfants, ton/ta partenaire, ta famille, tes amis, le ménage, les courses, les sorties… Il y aura… les insomnies parce que ton cerveau se réveille tout à coup avec l’idée que tu cherchais, ou que tu te tournes et te retournes en quête de la phrase qui te manque, de l’articulation de tes idées, du fil à dérouler Les doutes et les craintes parce que tu n’as jamais assez lu, tu n’avances jamais assez vite, tu n’as jamais assez vérifié tes résultats, tes images ne sont jamais assez claires, tes idées ne sont jamais assez percutantes, tu n’as jamais écrit assez de pages, assez d’articles Il y aura les crises de larmes, voire les crises de nerf, les sales journées où tu ne sais même plus pourquoi tu fais une thèse, où tu ne sais même plus si tu as un cerveau, où tu ne sais même plus pourquoi tu craques… Il y aura peut-être même le désespoir, quand tu ne sais plus où trouver de l'élan car tu n'en vois pas le bout, que la fin de la thèse semble reculer au fur et à mesure que tu avances. Et il y aura LE piège, celui de te comparer avec les autres thésard.e.s qui avancent si bien dans leur rédaction, elles, qui publient dès maintenant, eux, qui sont sûr.e.s d’eux/elles-mêmes, qui ont des idées tellement intelligentes, alors que toi, tu n’es pas foutu.e de finir ton premier chapitre. Il y aura les heures passées à regarder des vidéos de chats ou des phdcomics alors que tu devrais t’attaquer à ton plan détaillé. Il y aura la solitude, cette sensation désagréable d’être seul.e face à l’immensité de la tâche, face à la montagne de données, d’articles et d’idées, face à la page blanche et face à tous les choix à faire. Il y aura la course contre le temps, quand ton financement arrivera à échéance, que ton établissement devra valider ta réinscription supplémentaire, qu’on te demandera pour la énième fois « alors, la thèse, c’est bientôt terminé ? » et que tu répondras poliment alors que tu voudras hurler « Je sais pas …. Fais pas chier !!!!!! » Il y aura les regrets, ceux que l’on n’ose pas avouer car quand même cette thèse, on en a rêvé, qu’on passe notre temps à lire, penser et (peut-être même on est payé pour) étudier, alors comment peut-on rêver parfois de tout envoyer bouler ??? Alors, je te souhaite ces petites choses qui changent tout. Je te souhaite de prendre le temps. Prendre le temps de faire des pauses. Prendre le temps d’écouter ton corps. Prendre le temps de sortir, marcher, respirer, sentir le vent souffler, le soleil briller et la pluie tomber. Prendre le temps d’admirer les idées avec lesquelles tu joues. Prendre le temps de rigoler. Prendre le temps d’écrire. Prendre le temps d’apprécier ce que tu es en train de faire, maintenant. Prendre le temps d’apprendre sur toi à travers ce voyage, prendre le temps de vivre une saison de ta vie qui ne reviendra pas. Je te souhaite de savoir quand c’est le moment de persévérer, et quand tu as besoin du courage de laisser tes données, tes logiciels et ton manuscrit de côté pour aller profiter de cette soirée que l’on t’a proposée, appeler ton amie pour boire un café, aller jouer avec tes enfants et rigoler, passer un moment avec ton partenaire et te laisser aller. Je te souhaite de trouver quelqu’un pour pleurer un bon coup et te dire « oui, tu vas y arriver ! » et qui t’aide à explorer comment cette thèse te permet de partir à la découverte de ressources insoupçonnées. Je te souhaite de t’écouter, de te respecter, de t’autoriser, de t’éclater, de te poser autant que de te tester et de t’accrocher. Je te souhaite de dire oui aux imprévus, au chaos, au retard, à la lenteur, au doute, à l’imperfection. Alors, quand tu te réveilleras à 4h du matin la tête pleine de « pas assez », je te souhaite de répondre « si, j’en fais juste assez, je suis juste assez, je suis un.e puissant.e doctorant.e ». NB : Merci à Hélène Bonhomme des Fabuleuses au Foyer et sa vidéo "Ce qui 'tattend si tu es maman" pour l'inspiration On passe à l'actionJe t’invite à prendre quelques minutes pour te poser avec toi-même, tout de suite, te poser successivement ces trois questions, en prenant le temps de répéter la question à haute voix ou mentalement puis d’observer ce qui émerge : Qu’est-ce que je me souhaite ? Là, maintenant, de quoi ai-je besoin ?, Quel est le plus petit pas possible que je peux poser tout de suite pour y répondre ? Crédit photo : Ann Nygard - Unsplash.com Si tu souhaites recevoir un message chaque lundi pour te rappeler que tu es un.e puissant.e doctorant.e, inscris toi ici !
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Autrice
Doctorante en fin de thèse quand je lance ce blog, j'ai mis à profit mes 15 années d'expérience professionnelle et de développement personnel préalables pour vivre au mieux cette aventure pour moi et des collègues. Ces dernier.e.s m'ont incitée à partager plus largement, et Puissant.e.s Doctorant.e.s est né ! Archives
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