![]() Faire une thèse c’est passer son temps à recevoir des critiques. Je ne sais pas comment tu vis ça. En ce qui me concerne, c’est très dur pour la perfectionniste en moi, tiraillée entre la joie que les commentaires aident à s’améliorer, et la frustration, voire la colère, que je ne sois pas parfaite. Euh, que mon texte ne soit pas déjà parfait. Lapsus. Pour que les critiques soient constructives, on peut espérer qu’elles soient formulées de telle ou telle manière, mais ça, on n’en a pas la maîtrise Par contre, la façon de réagir aux critiques reçues et ce que l’on en fait nous appartient. Pour aider à ce que nos propres réactions soient constructives, voici quelques conseils et questions glanées au fil de mon parcours qui m'aident énormément
Facile à dire, plus dur à faire. … on met tellement de soi dans la thèse ! La thèse n’est qu’un travail, pas au sens d’activité rémunérée, mais au sens classique d’activité humaine qui participe à la réalisation d’un bien ou d’un service en vue de satisfaire des besoins et des désirs. Donc rémunérée ou pas, peu importe, la thèse reste un travail. La thèse n’est pas ma vie. Elle n’est pas mon identité. Je ne suis pas ma thèse.
Qui ne sont pas forcément les miens. A moi de choisir ce que je prends et ce que je laisse. Il s’agit de ma thèse, pas celle de mon/ma DT. Oui mais quand même, si je n’intègre pas ses commentaires ça craint ! Moi je dis que si mon/ma DT impose ses choix et que je ne peux pas en discuter avec elle/lui, ça craint ! Si le reviewer décide de l'article à ma place, ça craint ! Si je n’ai pas de raison valable de rejeter le commentaire, alors autant l’intégrer. Mais je suis capable d’expliquer pourquoi je garde ou rejette tel ou tel commentaire, alors j’avance un peu plus vers MA thèse, vers ce qui fait mon originalité, mon argument, ma contribution unique.
Lorsque j’ai reçu mes rapports de soutenance, les objections ont été principalement sur la méthodologie. Je me suis pris une belle claque car j’avais particulièrement soigné ce chapitre et ma directrice et moi en étions fières. Ma DT m’a alors expliqué que les deux rapporteurs ont l’habitude de méthodologies quantitatives et s’inscrivent dans un paradigme cause-conséquence, hypothèse-résultats et test-validation de modèle alors que j’ai adopté une démarche de théorie ancrée qui cherche non pas à valider mais à faire émerger des nouvelles questions, hypothèses, relations, qui n'étaient pas pensées théoriquement jusque là. Cette démarche ne permet pas de tester une hypothèse de façon systématique puisque son but est autre, c'est normal. Ils parlaient ainsi d’un point de vue externe à l’approche utilisée. A l'inverse, deux autres membres du jury, qui étaient familiers de la théorie ancrée, ont dit que je l’avais menée de façon très rigoureuse en comprenant bien en quoi elle consiste alors que c’est rarement le cas et ont fait des commentaires et suggestions basés sur cette façon d’approcher le sujet, le terrain et les données. Les deux premiers ont parlé selon des référentiels qui n’étaient pas les miens, contrairement aux seconds. Les critiques internes, qui correspondent à la seconde approche, sont les plus aidantes et doivent être bien prises en compte, tandis que les critiques externes doivent être intégrées sans en faire trop, surtout pour aider à expliquer nos choix. Pour le premier article que j’ai voulu publier, j’avais eu par exemple un commentaire de reviewer qui suggérait d’utiliser telle approche théorique dont mon positionnement s’affranchissait. Je n’allais donc pas revoir tout mon article pour l’intégrer, mais l’ignorer n’aurait pas été stratégique pour soumettre la version finale. J’ai finalement intégré la référence en insérant seulement une phrase qui expliquait comment ma démarche se positionne par rapport à celle-là, pour la balayer sans l’ignorer.
Peut-être que le commentaire pointe du doigt un point qui n’est effectivement pas clair pour moi et j’espérais que ça passe… alors que ça m’oblige à retravailler. C’est pénible, mais ça oblige à progresser. C’est une bonne nouvelle. Peut-être que le commentaire vient appuyer sur quelque chose dont j’étais fière et tout à coup je ne suis plus sur.e de rien, est-ce que ce que j’ai écrit est pertinent ? Peut-être que j’ai besoin qu’on me dise aussi ce qui va bien. Si mon/ma DT ne le fait pas spontanément, je peux lui demander. Tout simplement. Nos DT ne sont pas formés à encadrer. L’HDR ne prend pas en compte la façon de suivre, ne contient aucun élément pédagogique. Alors si nous les laissons faire comme ils font sans rien dire, comment peuvent-ils apprendre ? Proposer, demander peut leur permettre de progresser dans leur façon d’encadrer. Peut-être que le commentaire est banal mais réveille une situation passée qui m’est restée en travers de la gorge. Peut-être que je suis épuisée et que quels que soient les commentaires, je n’en peux plus de travailler à ce chapitre / cet article / cette thèse et que j’ai besoin d’un bon ressourcement Peut-être que je ne supporte plus mon/ma partenaire, le confinement, ou autre et que le reviewer et ses commentaires font un bon punching ball contre qui rediriger ma colère Peut-être que [à toi de compléter...] On passe à l'action Qu'est-ce qui te fait réagir en lisant ces lignes ? Qu'est-ce qui te parle ? Peux tu retenir 1 action à mettre en oeuvre la prochaine fois que tu recevras des retours sur un chapitre, un article ou autre production ?
1 Commentaire
5/7/2021 16:23:52
Bonjour,
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Autrice
Doctorante en fin de thèse quand je lance ce blog, j'ai mis à profit mes 15 années d'expérience professionnelle et de développement personnel préalables pour vivre au mieux cette aventure pour moi et des collègues. Ces dernier.e.s m'ont incitée à partager plus largement, et Puissant.e.s Doctorant.e.s est né ! Archives
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