Un texte très personnel aujourd'hui... Je n’en peux plus de penser. Ma tête sature. Mon corps lâche. Mon cœur explose. Je n'en peux plus de ressentir non plus, d'ailleurs. Je n'en peux plus de toutes ces émotions. Je voudrais que tout s’arrête. Non, pas définitivement. Je ne vais pas me foutre en l’air. Je ne vais pas abandonner la thèse non plus. Je sais que j’irai au bout. Mais là, maintenant, je voudrais appuyer sur pause. Sur stop. Ne plus sentir, ne plus penser pour quelques temps. Juste un moment. Je lutte depuis quelques jours pour ne pas sortir la bouteille de vodka qui m’a été offerte il y a des mois, toujours intacte. Ils ne savaient pas, mais je déteste la vodka. Depuis la première cuite de ma vie, il y a 20 ans, la seule fois où j’ai fait un black-out. Depuis, je n’en ai jamais rebu. Mais là, c’est exactement cela qui m’attire en fait… un black-out…
J’en ai marre de lutter, de tenir, de résister, de m’accrocher pour mener de front ma vie personnelle qui part en vrille et ma thèse, de faire du yoga et d’utiliser toutes les techniques que je connais pour aller mieux faute d’aller bien,et même pour aller tout court. J’aimerais plonger, lâcher, me laisser couler. Mais j’ai peur. Peur de ce que je peux toucher. Peur de ce qu’il peut y avoir dans les profondeurs. Peur de ne jamais remonter. Peur de me perdre et de ne plus jamais revenir. Je n’en peux plus de tenir mais j’ai peur de lâcher. ... .... Et puis c’est plus fort que moi, je finis par lâcher. J’attrape la bouteille et je me sers un verre de vodka. Puis deux. Puis trois. Et je m’écroule sur le canapé. … Quand je me réveille, j’ai une belle, très belle gueule de bois. Mais j’ai aussi une belle, très belle sensation. De l’ordre de la joie, de la fierté. Ou plutôt, de la légèreté. Quelque chose a lâché en moi. J’ai accepté de ne pas toujours être forte. J’ai accepté de ne pas toujours tout maîtriser. J’ai accepté de ne plus pouvoir. De ne plus vouloir. J’ai compris qu’en luttant contre, je m’épuisais toujours plus, alors qu’en accueillant mes limites, je pouvais les dépasser. J’ai compris que lorsqu’une déferlante arrive, si je cherche à lutter contre, je me la prends et elle me renverse, j’étouffe, je me noie, et je consomme une énergie folle à me redresser. A l'inverse, si je plonge tête la première dans la vague qui arrive, je ne sombre pas, au contraire, je peux ressortir bien plus sereinement de l’autre côté. Alors j’apprends à plonger dans les vagues, de mieux en mieux. Ca ne veut pas dire boire plus souvent, bien au contraire ! Non, j’apprends à reconnaître quand mon corps ou ma tête ne peut pas, ne veut pas. J'apprends à faire la différence avec la procrastination, qui est de la fuite. Dans ces cas là, j'ai besoin de coups de pied au c.. via des techniques pour me remettre en mouvement, un pas à la fois, un paragraphe à la fois Là, il s'agit de signaux d'alerte que mon corps m'envoie, alors, j’apprends à écouter mon corps avant d’en arriver à des situations extrêmes comme cette fois-là, comme la fois où j’ai fini chez mon médecin en larmes parce que mon cerveau avait disjoncté et que j’ai été en arrêt cinq semaines avant que mon cerveau ne se remette en route, comme ces crises d’eczéma ou d’impétigo qui couvraient mes mains et mon visage, jusqu’aux paupières, tellement je refusais de voir les situations en face… Depuis que je m’écoute au fur et à mesure, je n’ai plus de grandes crises d’eczéma, les migraines sont rares et passent rapidement, mon corps est plus solide puisqu’il n’a plus besoin de crier pour se faire entendre, et mon moral est plus stable. Au lieu de lutter, j’accueille. Si j’ai besoin que tout s’arrête, je m’arrête. Et je constate que je reviens chaque fois plus vite, plus forte, l’esprit plus clair, prête à mobiliser toutes mes ressources pour écrire puisqu’elles ne sont plus mobilisées à tenir. J’avance bien mieux sur ma thèse depuis que j'ai arrêté de me battre, de lutter, de résister, et que j'accueille ce qui est. On passe à l'action Cette semaine, je nous invite à reconnaitre qu'une thèse (et un confinement, qui plus est), sont sources d'émotions fortes. Voici quelques questions pour poser des premiers pas en ce sens, chacun à sa mesure. Nul besoin d'aller dans des expériences aussi intenses que celle que je viens de partager pour se mettre en mouvement. Les outils qui suivent sont directement inspirés de l'atelier sur les émotions organisé par Paren(thèse) Bretagne Loire . Merci à eux de m'avoir autorisée à les reprendre. Etape 1 : On fait l'état des lieux émotionnel Prendre une feuille et mettre le chrono sur 5 minutes pour jeter en vrac tout ce qui vient, sans filtre, sans jugement, sans réfléchir, en réponse à cette question : - Quelles sont les émotions les plus récurrentes que j’associe à ma thèse ? puis - Depuis le début du confinement, comment ai-je vécu la situation ? Aujourd'hui, comment est-ce que je me sens ? Si vous n'êtes pas habitués à nommer vos émotions, voici quelques mots qui peuvent servir de point de départ : joie, excitation, calme, sérénité surprise, inquiétude, peur, angoisse, panique,tristesse, abattement, désespoir, dépit, dégout, gêne, confusion, frustration, colère, rage, (voir ici pour un exemple de liste détaillée) Etape 2 : On joue les détectives ! Choisir une des émotions que vous avez listées ci-dessus, et observer ; - Quelle(s) pensée(s) récurrente(s) ai-je quand cette émotion est là ? (ex. je suis nulle, j'écris que de la m..., je n'y arriverai jamais, ils m'énervent ! Mais pourquoi je me suis lancé dans une thèse ??? Il faut que je travaille plus...) - Comment ça se traduit dans mon corps ? (ex. plexus comprimé, douleur dans les trapèzes, torticolis, coeur qui s'accélère, sensation de froid ou de chaud, débit de parole accéléré, boutons ou plaques rouges, maux de tête...) - Qu’est-ce que je fais quand je suis dans cette émotion ? (ex. je rêvasse, je consulte mes mails de façon compulsive, je mange, je fais du grand ménage, je suis inactive sur mon canapé, je crie sur le premier qui passe…) Vous pouvez recommencer avec d'autres émotions si vous le souhaitez. Etape 3 : On se bouge ! Une é-motion est un mouvement du corps ("motion") pour servir de signal d'alerte, Vous constatez peut-être qu'une fois observée, l'émotion s'atténue car l'alerte est entendue. Il est alors possible de repasser à l'action. Parfois, l'action elle-même aide à dépasser l'émotion. - Quelle est le plus petit pas possible que je peux faire maintenant pour agir ? C'est la règle du PPPP, choisir quelque chose le plus simple, mais faisable à coup sûr immédiatement) (ex. quelle que soit l'émotion, respirer, par exemple avec l'exercice de cohérence cardiaque. Puis spécifiquement, par exemple face à la confusion, appeler un.e ami.e qui peut vous écouter et aider à mettre de mots. Face à la démotivation, trouver quelqu'un qui vous fait du bien avec qui faire un ou deux pomos. Si c'est l'angoisse de la page blanche, écrire 4 lignes, peu importe la qualité (et vous pouvez aller voir ColdTurkeyWriter ou Squibler)
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Autrice
Doctorante en fin de thèse quand je lance ce blog, j'ai mis à profit mes 15 années d'expérience professionnelle et de développement personnel préalables pour vivre au mieux cette aventure pour moi et des collègues. Ces dernier.e.s m'ont incitée à partager plus largement, et Puissant.e.s Doctorant.e.s est né ! Archives
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