Et beaucoup de ces articles, je ne les lirai finalement jamais. Ou je les lirai bien plus tard en me disant effarée « mais il est trop bien cet article, pourquoi je ne l’ai pas lu alors que je l’avais déjà ??????? ». Ou au contraire, que je me demande bien pourquoi j’avais voulu l’enregistrer... Dans tous les cas, la liste des articles à lire est sans fin et augmente de façon exponentielle au fur et à mesure que je lis. Enfin, ça, c’est ce qui s’est passé quand j’étais en thèse. En faisant un post doc, j’ai l’impression d’avoir une deuxième chance pour pouvoir mettre en œuvre les « si j’avais su dès le départ » de la thèse, les « si on me l’avait dit » … mais aussi tous les « on me l’avait pourtant dit » dont je n’ai pas tenu compte. Cette fois, je me discipline. Ou plutôt, je teste une autre stratégie. J’ai démarré avec un corpus d’une vingtaine d’articles. J’ai décrété que je n’en enregistrerais pas d’autres tant que je n’aurais pas lu et fiché ceux-là. Pour résister à la tentation, j’ai inclus dans mon modèle de fiche de lecture une case pour garder trace de quels articles je veux aller chercher ensuite en précisant pourquoi, quelles idées je pense y trouver, et une avec les notions auxquelles cela me fait penser qui mériteraient d’être explorées. Une fois que j’ai fini mon premier corpus, je suis allée chercher une quinzaine d’articles supplémentaires à partir de mes notes prises, et j’ai décidé d’adopter de nouveau la même technique : interdiction d’enregistrer d’autres articles avant d’avoir lu ceux-là. Certains étaient finalement peu intéressants, j’ai alors noté pourquoi je pensais cela. Etc. Oui, mais si je passe à côté d’un article hyper intéressant ???? Cette peur ne me lâchait pas en thèse. Et j’ai compris au bout de 4 ans que même après avoir lu des centaines d’articles, même au bout de 4 ans, 10 ans, 40 ans, je n’aurai jamais fait le tour du sujet. Et j’ai appris aussi que cette peur entraine une pression de toujours plus qui ne veut pas dire toujours mieux, et une boulimie de lecture qui peut aller jusqu’au vomissement au lieu de prendre le temps de digérer ce que je lis pour me l’approprier. En procédant par bloc de 10 à 20 articles et en acceptant que de toutes façons je ne lirai pas tout, j’évite cette surcharge émotionnelle que représente l’angoisse de ne jamais réussir à tout lire. Cela me permet d’insérer du temps de recul par rapport à mes lectures : qu’est-ce que j’en fais ? Quelles questions cela suscite-t-il ? Quelles idées ? Avec quoi je veux le mettre en lien ? Est-ce que la direction dans laquelle je pars me convient ? Je me suis par exemple rendu compte que je déviais à problématiser autour du télétravail alors que mon cœur de sujet était la résilience, ce qui m’a permis de réajuster la salve de lectures suivantes, pour ensuite me poser des questions sur la façon dont le télétravail s’articule avec la question de résilience, et non en me questionnant sur le télétravail lui-même. Au final, je lis moins, mais je lis beaucoup mieux. Cela m’évite cette impression d’être dépassée, assommée par tout ce que je lis, car je le digère et me l’approprie davantage au fur et à mesure On passe à l'action !
Je t'invite à garder trace de tes réponses pour pouvoir y revenir et mesurer le chemin dans quelques temps !
1 Commentaire
5/7/2021 16:32:46
Moins, mais mieux : oui, oui, et... oui :).
Répondre
Laisser un réponse. |
Autrice
Doctorante en fin de thèse quand je lance ce blog, j'ai mis à profit mes 15 années d'expérience professionnelle et de développement personnel préalables pour vivre au mieux cette aventure pour moi et des collègues. Ces dernier.e.s m'ont incitée à partager plus largement, et Puissant.e.s Doctorant.e.s est né ! Archives
Juillet 2023
Catégories
Tous
|