![]() Je ne sais pas si c'est ton cas, mais chroniquement, je suis envahie par le doute. Genre le doute fondamental. A quoi ça sert de faire de la recherche ??? A quoi ça sert de faire une thèse (ou un post doc) ? A quoi ça sert de se poser des questions dont tout le monde se f.. ? A quoi ça sert de passer autant de temps, d'effort, d'énergie, de renoncements, pour arriver à une thèse que peu de monde lira ? En pourtant, je suis sur un sujet de société. Avec une réponse implicite : ça ne sert à rien. Alors pourquoi faire une thèse ? Et le doute s'étend.
Je n'ai pas publié d'article pendant ma thèse, suis-je capable de le faire ? Suis-je capable d’écrire des articles ? Et quand bien même je publierais, n'est-ce pas alimenter l'entre soi de chercheurs ? Alors j’ai chroniquement envie de partir faire un travail manuel, au contact de la nature. Fuir les questionnements. Fuir mon cerveau, ses questions, ses doutes. Et le doute contamine d'autres pans de mon travail. Pourquoi est-ce que j’écris les articles Puissants Doctorants ? Est-ce que ça sert vraiment à quelque chose ? Ai-je vraiment envie de reprendre à la rentrée, d’y consacrer du temps, si je n’ai pas davantage de lecteurs ? Les arguments rationnels ne tiennent pas. J'ai grandi avec l'envie d'aider le monde à aller un peu mieux, et là je ne vois pas l'impact de ce que je fais, la recherche me semble inutile. Le cercle vicieux de blocage et d’autosabotage n’est pas loin. Traversant ces dernières semaines une telle période, j'ai décidé de partir en montagne faire 3 jours de randonnée, déconnectée de tout. Pendant cette coupure me revient cette conversation avec une amie avec qui nous avons de grandes discussions de société qui me disait qu’il fallait absolument que je donne à voir ce qu’il y a dans mon cerveau. Me reviennent ces phrases de mon tuteur en entreprise pendant ma thèse, qui me disait que lorsque j’étais dans l’entreprise, des conversations avaient lieu (même en mon absence) qui n’avaient pas lieu avant et n’ont plus eu lieu après, et qui évoque des décisions internes pour lesquelles il voit l’influence de mon travail même si d’autres ne reconnaitront pas le lien. Je repense à des discussions que j’ai eues, des articles que j’ai lus qui m’ont inspirée dans mon travail opérationnel précédent, dans ma vie, dans mes recherches, dont les auteurs n’ont aucun idée de l’impact. Et si c'était la même chose dans l'autre sens ? J’entends ma référente me dire qu’être chercheur, c’est s’inscrire dans un temps long, et qu’on plante des graines sans jamais savoir ce qui poussera, mais au moins, on plante des graines. A mon retour, je découvre un email d’un puissant doctorant qui me remercie pour un article et mes articles en général. Mes parents m’invitent à diner avec une de leurs amies, qui est médecin du travail, et qui est émue par la façon dont je lui permets de mettre des mots sur ce qu’elle vit et pense. Quand j’évoque mes doutes sur mon utilité, elle me dit qu’elle doute aussi alors même qu’elle est au cœur de l’action. Que tout ce qu'elle fait c'est.. semer des graines. Je suis sollicitée par quelqu’un pour discuter d’un sujet professionnel. La conversation a lieu, et cette personne me remercie au final grandement pour les nouvelles perspectives données et pour l’inspiration, renvoyant encore un message écrit ensuite pour souligner ce qu’il retient et les nouvelles portes que cela lui ouvre. Peut-être que finalement ce que j'ai fait et développé dans et au cours de ma thèse et maintenant en postdoc c'est utile, même si je ne me rends pas compte comment. Et là, je reçois cette citation dans une newsletter à laquelle je suis abonnée : “Ne te demande pas de quoi le monde a besoin. Demande-toi ce qui t’éveille à la vie, puis fais-le. Car ce dont le monde a besoin, c’est d’êtres qui se sont éveillés à la vie.” (Howard Thurman) - Quand est-ce que je me sens vraiment en vie, qu’est-ce qui m’éveille à la vie ??? C'est quoi cette question ??? Je me pose quand même la question, et ce qui me vient, c’est que finalement, c’est partager mon monde intérieur, émotionnel et intellectuel, et aider les autres à écouter leur monde intérieur en retour, même un tout petit peu. Alors je rouvre mon ordinateur et couche sur papier ce qu’il y a dans mon cerveau par rapport à la crise sanitaire etc sans objectif immédiat d’article, et de le mettre par écrit me fait un bien fou. Je contacte un think tank que je rêve d’intégrer depuis 3 ans sans oser demander, et ce matin ils m’appellent, trouvent mon résumé de thèse très intéressant et me proposent de participer à leur prochain événement pour voir ensuite comment on peut collaborer. Je reprends ma plume pour écrire pour Puissants Doctorants. Je ne sais toujours pas si cela sert vraiment à quelque chose, j'ai toujours peur des jugements, je doute de ma légitimité et de ma pertinence, mais je suis mue par cet élan intime que je suis un peu plus en vie si je le fais que si j’arrête d’écrire, alors j'écris. Faire de la recherche, questionner, écrire, parler, partager, c'est ce qui me met en vie. Et ça laisse des traces positives dans la vie d'autres, au moins de quelques uns. Alors même si ça ne se liste pas sur un CV, que je ne gagne pas d'étoiles, que ça ne se compte pas, même si ça ne se voit pas, je décide que ça vaut le coup. On passe à l'action ! Et toi, ça t’arrive de douter ? de te demander pourquoi tu fais une thèse, si tu as raison de continuer ? Si c’est le cas, je t’invite à te demander si faire cette thèse, fondamentalement, ça te fait te sentir plus ou moins en vie. Si ta thèse t’éveille à la vie, même d’une façon bizarre, même si tu ne sais pas pourquoi ni comment, même si ça ne fait pas sens, mais si tu te sens plus en vie quand tu la fait, alors c’est qu’il est vital de la faire. Et que le monde en a besoin, d’une manière ou d’une autre. Je te souhaite une belle semaine ! Anne-Claire
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Autrice
Doctorante en fin de thèse quand je lance ce blog, j'ai mis à profit mes 15 années d'expérience professionnelle et de développement personnel préalables pour vivre au mieux cette aventure pour moi et des collègues. Ces dernier.e.s m'ont incitée à partager plus largement, et Puissant.e.s Doctorant.e.s est né ! Archives
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