lors que je suis chez mes parents, je prends un vélo et je vais faire un tour pour m’aérer après ma journée de rédaction. Je me fie à mon souvenir pour le circuit, ayant fait ce trajet plein de fois dans mon enfance. Je descends une immense descente, tourne, continue. Je roule je roule. Dis donc, je me suis empâtée, je peine dis donc ! Je continue, et je guette la grande côte, courte mais très raide, pour remonter sur le plateau. Et tout à coup, paf, je me retrouve dans la zone commerciale, à côté de chez mes parents.
WTF, elle est où la côte ??? Comment je suis déjà là ? Je raconte ma virée à mes parents en rentrant, et là je me rends compte qu'au lieu de prendre le trajet que je croyais, avec du plat et une super côte, j'ai pris un trajet avec une côte plus douce mais très longue. Ah mais ça n’est pas étonnant que j'ai peiné alors ! En fait, j'ai carrément assuré !! Quelques jours plus tard je travaille à une partie d’un chapitre qui me donne du fil à retordre depuis des semaines. Je l’avais déjà laissée de côté pendant quelques semaines parce que je triturais mes trop nombreuses idées dans tous les sens sans parvenir à trouver un fil conducteur qui tienne, alors je m’étais dit que laisser passer du temps me permettrait peut-être d’y revenir avec un regard neuf. Cela avait marché, puisque lorsque je m’y suis remis chez mes parents, j’ai trouvé comment démêler tout cela, du moins j’ai commencé à dérouler. Enfin, yesss !! Et puis, c’est redevenu laborieux. Ca avançait, certes, mais c’était long, c’était lent. J’étais pourtant concentrée (enfin, la plupart du temps, on est d’accord…), j’avais l’impression d’être efficace, mais ça n’avançait pas du tout comme je le voulais et les jours s’enchaînaient. Je ne vais jamais en finir avec ce pù*$¨# de chapitre !!! Et puis une petite voix m'a dit : He, tu te souviens de ta sortie en vélo ? Et si c’était pareil ? J’ai repensé à l’anecdote du vélo, et je me suis dit que la côte était peut-être plus raide que ce que je croyais, et que l’arrivée était peut-être bien plus proche que je ne le pensais même si je ne la voyais pas. On se rassure comme on peut, me suis-je dit. J’ai regardé le chemin parcouru en utilisant la technique d’un collègue qui n’est pas très pote avec OSMART et préfère trainer avec OBAP, l’OBjectif A Posteriori : il écrit après coup ce qu’il a fait, histoire de rendre visible ce qui a été fait. J’ai regardé le nombre de points que j’avais déjà rédigés, je me suis rendu compte du nombre de pages rapporté aux jours et heures effectifs passés dessus, j’ai réfléchi à la teneur de l’exercice et pourquoi il était compliqué, et je me suis dit que finalement, ça n’était peut-être pas si étonnant. Et j’ai regardé ce qu’il me restait à faire pour ce chapitre, et je me suis rendu compte que ce n’était pas grand-chose comparé à tout ce que j’avais déjà fait. Et, hasard ou coïncidence, le lendemain paf ! J’ai fini dans la journée ! J’ai imprimé, laissé passer la nuit pour une dernière relecture, fait quelques corrections et l’ai envoyé à ma directrice Reste à savoir si ma directrice va valider ou si je devrai repartir pour un tour, mais ça, c’est une autre histoire... Je me suis rendu compte, en y repensant, que ce mécanisme avait eu lieu à de nombreuses occasions. Par exemple dans la revue de littérature, tu lis, tu lis, tu lis, sur un sujet, tu ne saisis pas vraiment le sujet, tu ne vois pas les liens, et puis un jour cela prend sens, sans savoir pourquoi tout à coup c’est le cas et tu arrives à faire des liens entre les articles que tu ne faisais pas avant, ta question de recherche se dessine, ta compréhension de l’enjeu fait un pas de géant. Parfois c’est lié à la collecte des données, par exemple tu as l’impression qu’il n’y a pas grand-chose d’intéressant dans ce que tu observes, tu multiplies les entretiens sans vraiment savoir ce qui va en sortir, tu répètes tes manip’ encore et encore en changeant des paramètres, tu, et un jour tu es au bon endroit au bon moment, tu fais la bonne manip’ qui donne un résultat, tu entends une phrase qui te fait tilt’. Peut-être est-ce lié à l’écriture, tu as écrit et réécrit un chapitre et tu n’en peux plus, jusqu’à cette version qui est la bonne, enfin. Pour ma part, mon chapitre 1 a été validé à la neuvième version (oui, 9ème), la V1 datant de deux ans auparavant. Dans la façon dont j’ai fait ma thèse, le processus-même d’écriture a permis de faire mûrir les idées, donc je savais qu’il y aurait plusieurs versions, mais je n’avais aucune idée si la bonne serait la 4ème, la 9ème, la Nième. Peut être c’est ton plan, que tu fais et refais et refais, peut-être c’est l’analyse des données dans lesquelles tu es plongé sans voir de schéma ou de résultat probant apparaître. Tu as compris l'idée. On passe à l'action ! Repense à ton parcours de doctorant jusqu’à présent. Peux-tu identifier ce schéma ? Prends le temps de les identifier, de te remémorer Si tu es dans une phase de ce genre actuellement, peux tu lister les étapes parcourues jusqu’à présent pour observer le chemin parcouru ? Lister tes OBjectifs remplis A Posteriori (OBAP) aide à procurer un sentiment de satisfaction, qui active l’ocytocine, hormone qui réduit le stress et augmente la confiance. Si tu es dans une phase plus facile, je t’invite à prendre le temps d’écrire ce moment pour l’ancrer, que ça soit en une page ou deux phrases, pour pouvoir y revenir dans les périodes de doute. Et si le cœur t’en dit, tu peux imprimer l’image de ce message ou trouver un autre symbole de ce processus et l’afficher devant ton bureau pour garder en tête que les efforts payent même si l’on ne sait pas quand !
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Autrice
Doctorante en fin de thèse quand je lance ce blog, j'ai mis à profit mes 15 années d'expérience professionnelle et de développement personnel préalables pour vivre au mieux cette aventure pour moi et des collègues. Ces dernier.e.s m'ont incitée à partager plus largement, et Puissant.e.s Doctorant.e.s est né ! Archives
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