Et puis, je les ai imaginés se sentir nuls et se décourager parce qu’ils n’y arrivaient pas, qu'ils aimeraient tellement être comme l'autre, et là je me suis dit que s'ils faisaient ça ça serait gonflé, vu comment ils sont forts et géniaux ! Et tout à coup, j'ai compris un truc. Les superhéros sont super dans ce pourquoi ils sont bons, par pour tout.
Quand ils ont un super pouvoir, ils n’ont pas tous les pouvoirs pour autant mais font avec le leur. Et s’ils n’ont pas de « superpouvoir », ils s’appuient sur leurs forces : Captain America, sans ADN-kree, mobilise son agilité et son intégrité, Ironman son intelligence et son armure, Batman sa technicité et ses gadgets. La thèse est un exercice particulièrement difficile car on voudrait être bon partout à la fois, savoir analyser Et synthétiser, explorer ET converger, décrire en détails ET analyser, manipuler les chiffres et tableaux ET être brillant avec les mots et savoir écrire de belles histoires, mener ce projet sur une durée de 3, 4, 5… ans ET savoir rédiger un article en quelques jours ou semaines aussi facilement etc. Or, personne n’est excellent pour tout ! La thèse est une invitation à découvrir nos forces et apprendre à travailler avec, à s’entourer des bonnes personnes ressources (une des forces de Batman !) …et s’équiper pour ce qui est plus dur pour nous mais dont nous ne pouvons faire l’économie. Certains sont à l’aise pour rédiger, d’autres ont la plume moins fluide, certains sont bons en orthographe quand d’autres font beaucoup de fautes. Certes, l’écriture est incontournable. Par contre, tout le monde n’est pas obligé de rédiger une thèse ethnographique qui demande de décrire en détails ce qui est observé et savoir le partager aux lecteurs ; les premiers pourront l’envisager, les seconds, s’ils vont dans cette voie, auront plus de difficultés. De même, peut-être qu’une thèse par articles correspondra mieux aux seconds et une monographie aux seconds. Enfin, ceux de la seconde catégorie anticiperont de se créer un panel de relecteurs au fur et à mesure, par exemple alors que cela ne sera pas forcément nécessaire pour les premiers. Si tu as une bonne capacité d’observation, d’écoute et d’empathie, une méthodologie de collecte par entretiens sera probablement plus adaptée qu’une collecte par questionnaire en ligne. Si tu es plus à l’aise avec les chiffres et les tableaux, tu préfèreras des analyses statistiques et concevoir et faire tourner des modèles que d’adopter une approche herméneutique, par exemple. Cela ne veut pas dire que l’un est mieux que l’autre ! L'an dernier, alors que je peinais à la rédaction et voyais la fin de thèse comme un imirage qui recule au fur et à mesure que j'avançais, j’enviais ceux qui se fixent un rétroplanning précis, avec des échéances par semaine et par mois, en déterminant combien de temps passer sur chaque chapitre voire chaque partie et sous-partie. J’ai essayé, plusieurs fois, pour constater que pour moi, non seulement ça ne m’aide pas mais c’est contre-productif : cela m’inhibe au lieu de me stimuler. Ma force, c’est la conscience de ce que je suis en train de faire par rapport à mon état du moment et de l’ensemble de ce que j’ai à faire pour m’ajuster en permanence. J’ai essayé à maintes reprise de faire des plans détaillés avant de commencer à rédiger une partie, car cela semblait super bien marcher pour mon collègue (qui a publié, lui, qui fait partie de groupes de travail stimulants, lui, qui reçoit déjà des offres d’emplois… bref, qui est tellement brillant ! Ah, le piège de la comparaison…) Alors je voulais faire comme lui pour être efficace ! Sauf que ça ne marchait pas pour moi, peu importe le sérieux que j’y mettais. Alors j’ai laissé tomber, j’ai cherché ma propre façon d’avancer, et au final… nous allons finir dans des délais similaires . La meilleur technique, c’est celle qui nous convient, de façon propre. Parfois (souvent ?) on ne connait pas nos forces tant qu'on ne les a pas éprouvées, on ne sait pas ce qui marche et ne marche pas pour nous avant d'avoir essayé. Le doctorat est une occasion de tester et se tester. Il ne s'agit pas de refuser la nouveauté d'emblée par peur ou croyances limitantes. il s'agit d'apprendre à se connaitre, de tirer les conclusions de l'expérience et de se concentrer sur ce qui fonctionne pour nous plutôt que de dépenser notre énergie inutilement dans ce qui ne nous convient effectivement pas. S’appuyer sur ses forces, cela ne veut pas dire que la thèse sera facile. Un doctorant est un exercice exigeant quoi qu’il arrive. Par contre, je crois que cela augmente notre chance #1 de passer plus de temps à faire des choses qui nous plaisent #2 d’aller au bout et soutenir notre thèse (dans des délais raisonnables) #3 de développer des compétences qui nous seront utiles pour la suite de notre carrière pour faire des métiers et tâches qui nous correspondent #4 d'écrire une thèse qui nous ressemble et qui a du sens pour nous et pour le monde (oui, rien que ça). Ca ne t’aura pas échappé, ces articles s’appellent « Puissant.e.s Doctorant.e.s », pas « écrire une super thèse » ou autre du genre. Ce qui m’intéresse, c’est TOI, pas le résultat final. On ne perd pas de vue l’objectif final, bien entendu, mais il n’y a pas de bonne thèse sans un doctorant qui puise dans ses ressources et ses forces. Alors révèle le super héros, la super héroïne en toi, la puissance qui t'est propre ! * NB : Une bonne thèse est une thèse soutenue ! Citation à la fois de Noémie, présidente de Paren(thèse) Bretagne-Loire et de ma directrice de thèse (qui ne se connaissent pas) On passe à l'action ! Je t'invite à prendre un thé, un cahier et un crayon, une position confortableet un peu de temps (ou à défaut quelques minutes devant ton clavier) pour faire cet exercice : Dresse la liste d'au moins 10 de tes talents, des choses que tu aimes faire et que tu fais plutôt facilement (que cela soit reconnu ou non et que cela ait un lien ou non avec la thèse) : Repense à tout ce que tu as déjà fait pour ta thèse (ou ton Master Recherche, si tu es en début de thèse), et identifie les tâches que tu as faites facilement et/ou qui te donnent de l'énergie, de la joie, de l'envie, de l'élan (peu importe que cela ça soit pour la partie théorique, pour la collecte de données, pour l'analyse, pour la rédaction, pour des communications ou autres) Ferme les yeux et imagine-toi en super héros/héroïne. Cela peut en être un.e existant.e ou un.e que tu inventes. Quelle est son allure ? Sa tenue ? Imagine qu'il/elle possède tous les talents (=pouvoir.s) que tu as listés, comment se sent-il/elle ? Quel nom lui choisis-tu ? Répète-le dans ta tête ou à haute voix. Peux-tu lui associer un geste ou une posture particulière ? En cas de coup de mou, je t'invite à fermer les yeux et revoir son image, entendre son nom et sentir son geste pour te reconnecter à tes super pouvoirs, au super héros / à la super héroïne que tu es !
2 Commentaires
Noémie
6/25/2020 15:44:07
Merci pour cet article très inspirant Anne-Claire!
Répondre
Puissant.e.s Doctorant.e.s
6/27/2020 21:42:20
Je suis ravie si cet article est source d'inspiration et merci d'avoir pris le temps de commenter !
Répondre
Laisser un réponse. |
Autrice
Doctorante en fin de thèse quand je lance ce blog, j'ai mis à profit mes 15 années d'expérience professionnelle et de développement personnel préalables pour vivre au mieux cette aventure pour moi et des collègues. Ces dernier.e.s m'ont incitée à partager plus largement, et Puissant.e.s Doctorant.e.s est né ! Archives
Juillet 2023
Catégories
Tous
|