![]() Quand faut-il commencer à écrire ? Tout doctorant se pose la question à un moment ou l’autre. Dès le début, dès les premières semaines, nous disent Martha Boeglin de Scriptoria et Geneviève Belleville de Thésez-Vous, toutes deux expertes en accompagnement méthodologique des doctorants. Je suis encore au début, je ne sais pas encore ce que sera ma thèse, donc Ok, je veux bien m’asseoir et écrire ma thèse, mais je ne sais pas quoi écrire ! Nous avons parlé de l’explorateur, de l’artiste, du juge et du guerrier. Le guerrier est le maître de la rédaction des articles et du manuscrit, mais il n’est pas le seul à avoir besoin d’écrire. D’autant que l’écriture n’est pas une inspiration soudaine mais une discipline rigoureuse qui demande de la pratique, de la pratique, de la pratique. Cet entrainement passe par toutes les occasions d’écrire des phrases complètes, précises plutôt que des mots clés et des bullet points Voyons comment cela peut se traduire avec les différents rôles : Ecrire avec son explorateur : après avoir lu un article, que la lecture soit en diagonale ou en détails, écrire avec ses propres mots ce que l’on retient de ce qu’a dit l’auteur. Peu importe que cela soit 20 lignes ou 2 lignes. Idem après avoir assisté à une conférence, échangé avec un chercheur, réalisé un entretien ou autre. Ecrire avec son artiste : mettre à plat toutes les idées qui viennent, suite à la lecture d’un article, suite à l’immersion dans les données, suite à une balade, suite à une discussion ou autre, tout mettre sur papier, non pas sous forme de mots clés mais de phrases entières, écrire les intuitions qui viennent, les « et si », les « peut-être », les « pourquoi pas », les « c’est bête mais », ce qui nous intrigue, ce qu’on imagine, tout. Ecrire avec son juge : mettre à plat tous les avantages et les inconvénients d’une idée, tout ce qui permet de le dire, en quoi c’est une bonne idée ou pas une bonne idée, les questions que l’on se pose, les objections que l’on se fait. Ecrire avec son guerrier : écrire ce que l’on veut dire, sans se soucier du format dans un premier temps, écrire pourquoi on est persuadés que ce que l’on veut dire est une bonne idée ; le format final émergera progressivement. Mais tant que je n’ai pas mon plan détaillé, ça ne sert à rien, si ? Quand on parle d’écriture, on a tendance à penser uniquement à la rédaction du manuscrit lui-même. Pour le manuscrit, un plan détaillé permet de structurer les idées, de clarifier l’ordonnancement, les articulations, les transitions. Certaines personnes ont besoin de bien structurer leurs idées pour pouvoir rédiger, d’autres ont davantage besoin de rédiger pour voir apparaître la structure de leurs idées au fur et à mesure et elles ont tendance à faire leur plan plus tardivement pour vérifier que les idées se tiennent. Dans le second cas, l’écriture du manuscrit précède le plan, mais dans les deux cas, de nombreuses formes d’écriture interviennent en amont. Pour écrire la version finale de sa thèse, il faut avoir écrit des versions intermédiaires. Personne n’écrit directement son manuscrit, ni même sa v1. Pour avoir des versions intermédiaires, il faut avoir des idées qui se mettent en mots. Pour que les idées se mettent en mots, il faut entraîner le cerveau à le faire. Ecrire une thèse (particulièrement en SHS), c’est non seulement trouver ce que l’on veut dire, mais trouver comment on veut le dire. Si le format est imposé pour la plupart des disciplines et le style largement normé, trouver sa façon de rédiger, trouver son style d’expression est un élément clé pour la thèse comme pour la valorisation pour s’exprimer de façon propre. Et cela demande de l’entrainement pour passer des annotations et points clés à la mise en forme d’idées, à l’articulation de la pensée, à l’expression personnelle. Plus cet entrainement commence tôt, plus l’écriture devient une évidence. Mais alors, je vais écrire des dizaines, voire des centaines de pages qui ne servent à rien ? Des dizaines, des centaines de pages qui ne figureront pas dans le manuscrit final, oui. Qui n’auront servir à rien, non. Ce sont ces pages qui auront forgé l’esprit et entrainé la capacité d’écriture qui permet d’arriver à une version complète ! On passe à l'action ! Tu as maintenant compris (je l’espère !) l’importance d’écrire, que tu en sois à la rédaction du manuscrit ou non. L’écriture est un processus souvent fastidieux. Les moments d’inspiration, de grâce, de flow sont à saisir mais ne suffisent pas ; écrire demande de la rigueur. Une façon d’y parvenir est de définir des créneaux réguliers qui lui sont consacrés. A toi de trouver ce qui marche le mieux pour toi en fonction de tes contraintes ; voici une suggestion pour démarrer si tu ne sais pas par où commencer. Demain matin puis chaque jour pendant 40 jours, démarre ta journée par 10 minutes d’écriture libre (quelle que soit l’heure à laquelle tu démarres ta journée 😊) : tu écris non-stop sans te corriger, sans te censurer. Tu peux écrire par rapport à une des idées suggérées ci-dessus, ou simplement par rapport à ton vécu en tant que doctorant, ton humeur de la veille ou du moment, ce que tu souhaites pour la journée, … Peu importe, ce qui vient. Tu peux bien sûr taper à l'ordinateur, mais je t'invite à changer de format pour aider le processus. Une option est d’écrire à la main dans un cahier qui te serve de journal de bord, ; personnellement j’aime bien écrire à plat ventre et ne même pas regarder ce que j’écris. Que tu écrives à la main ou que tu tapes, je t'invite à le consigner dans un document dédié. Ce journal de bord te permettra de garder trace de l’évolution de ton vécu et de tes idées. Peut-être n’en feras tu rien, peut-être vous donnera-t-il du recul de temps à autre pour mesurer le chemin parcouru, peut-être vous servira-t-il pour un projet futur que vous n’imaginez pas. Fixe de manière journalière si possible et a minima hebdomadaire au moins un créneau dédié à la rédaction, que cela soit à partir de ton explorateur, de ton artiste, de ton juge ou de ton guerrier, que ce soit à propos de la revue de littérature, de la description de tes résultats, de leur analyse ou de leur discussion, peu importe si ce que tu écris figurera dans la version finale de ta thèse tant que ton intention est d’écrire pour la thèse (et non pas d’écrire la thèse elle-même). Lorsque tu décides de lire un texte ou de te plonger dans des données, fixe avant de commencer une durée pour étudier les sources ET une durée pour écrire à partir de ces données (que les créneaux soient consécutifs ou non) pour t'obliger à faire quelque chose de ce que tu lis. Remplace le plus souvent possible les notes prises sous formes de mots ou de points clés par des phrases entières formulées avec vos propres mots. Fais le de façon pro, assieds toi et mets y toi Alors 3, 2, 1 Go, sors ton agenda, fixe la prochaine plage d’écriture maintenant ! PS : Si tu veux recevoir chaque lundi un message
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Autrice
Doctorante en fin de thèse quand je lance ce blog, j'ai mis à profit mes 15 années d'expérience professionnelle et de développement personnel préalables pour vivre au mieux cette aventure pour moi et des collègues. Ces dernier.e.s m'ont incitée à partager plus largement, et Puissant.e.s Doctorant.e.s est né ! Archives
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