Pour mener à bien une thèse, nous nous appuyons sur notre curiosité pour explorer, découvrir, lire des articles, lire des trucs qui n'ont rien à voir, aller à des conférence (sur tout et n'importe quoi), collecter des données, se familiariser avec les idées classiques et sortir des sentiers battus. Nous sommes des EXPLORATEURS, des EXPLORATRICES. Nous devons ensuite jouer avec ce matériel collecté pour en faire quelque chose. Nous le triturons, le tournons dans tous les sens, faisons des liens, que nous utilisions des post-its, des tableaux excels, des logiciels en tous genres ou des feutres et des feuilles. On fait appel à notre intuition, on suppose, on se demande « Et si … ? ». C’est là notre côté ARTISTE qui s’exprime, pour voir les choses sous un nouveau angle et créer. C’est comme ça que ce qui deviendra notre contribution unique émerge, parmi la quantité d’idées. Puis nous nous demandons si nos idées sont bonnes, si nos intuitions résistent à la preuve, si on n’a bien ce qu’il faut pour étayer nos intuitions, si on peut vraiment dire ça, s’il peut y avoir des conséquences à prendre en compte. Bref, on évalue, on vérifie, et on prend des décisions : c’est notre JUGE qui est à l’œuvre. Enfin, nous devons imposer nos idées et nos choix, les expliquer et les justifier auprès de notre directeur.trice, lors de congrès, devant nos terrains, en les présentant, en les rédigeant, au fil de paragraphes, articles, chapitres, jusqu’à pouvoir défendre une thèse, notre thèse, qui n’est celle de personne d’autre. Nous devons développer notre stratégie pour prendre en compte les façons de penser habituelles et les normes pour nous positionner par rapport à cela tout en affirmant notre singularité. Là, c’est le/la GUERRIER.E en nous qui prend le relais pour dépasser les difficultés, les obstacles, les objections peu valables et tenir bon. Le hic, c’est que les quatre ont un sacré tempérament et veulent souvent prendre toute la place ! Mener une thèse à bien demande de développer les quatre rôles et de faire en sorte que les quatre apprennent à travailler ensemble, en sachant utiliser chacun au bon moment d'autant que le processus n'est pas linéaire mais itératif, et ne pas rester bloqué dans un rôle. Si l’explorateur.trice s’impose durablement, on ne fait que collecter, on amasse des articles et des données mais on n’en fait rien. Si l’artiste domine, on passe son temps à avoir de nouvelles idées mais on n’en poursuit aucune. Si le/la juge intervient prématurément, il n’y aura pas de nouvelles idées car elle seront tuées dans l’œuf. Si le/la guerrier.e prend trop de place, n’importe quelle idée sera vue comme bonne et on cherchera à l’imposer alors qu’elle n’était peut-être pas pertinente. A l’inverse, si je ne fais pas assez appel à l’explorateur.trice, je ne vais lire que des articles consensuels de mon champs, collecter des données classiques mais je n’irai rien chercher de très nouveaux. Si je ne mobilise que peu l’artiste, je pourrai avoir des données très riches, je ne ferai pas de nouveaux liens, je suivrai la première idée qui vient sans chercher à en générer plein pour pouvoir trouver une pépite parmi tout ce qui sera apparu. Si le/la juge est peu sollicité.e, je ne saurai pas faire la différence entre mes idées et je chercherai à toutes les poursuivre. Si le/la guerrier.e fait défaut, je pourrai avoir trouvé une très bonne idée, je ne saurai pas la faire valoir et laisserai les juges et les guerriers des autres m’imposer leur direction et leurs choix. Le processus n'est pas linéaire, mais il y a tout de même des phases propices à chacun. L’explorateur s’éclate plutôt en début de thèse lorsqu’il lit et collecte des données tous azimuts et peut aller partout puisqu’il a le temps. L’artiste adore la deuxième phase, quand il cherche à faire des ponts et des liens à travers toute la littérature lue, qu’il se plonge dans ses données pour les faire parler, qu’il est temps de générer des idées dans tous les sens. Le juge s’éclate quand il faut faire le tri entre tout ça. Le guerrier adore rédiger des articles, parler dans des colloques, et rédiger la thèse ! Un des grands défis de la thèse est de savoir nous appuyer sur les rôles qui sont les plus faciles pour nous et qui sont nos forces, accepter que nous ne sommes pas aussi forts partout, et aller chercher le soutien et les ressources nécessaires pour nous aider à muscler les rôles moins forts et mobiliser chaque rôle aux bons moments ! Savoir être à la fois Explorateur.trice, Artiste, Juge et Guerrier.e est un des grands défis mais c’est une des plus grandes forces que nous pouvons retirer de cette expérience ! On passe à l'action D’après la rapide description faite, quand tu penses à ton tempérament, quel(s) rôles sont plus faciles pour toi ? Que(ls) rôles sont plus durs ? Quel(s) rôle(s) ta phase de thèse actuelle te demande-t-elle ? Si les deux sont alignés, il est probable que cela soit une période plus facile. Si ce n’est pas le cas, cette phase te demande surement plus d’efforts, d’autant plus en cette période de confinement ! Alors deux grandes options se présentent dans cette période particulière : nous appuyer sur le rôle qui est plus facile pour nous, ou au contraire, prendre ce temps pour travailler un ou des autres rôles. Dans les deux cas, les actions peuvent être directement liées à la thèse ou non ! Voici des exemples d'actions Pour l’explorateur.trice : Lire des choses qui n’ont rien à voir avec notre thèse, réaliser des entretiens exploratoires, contacter des gens avec qui l’on rêve d’échanger, faire des jeux de pensée latérale ou autres qui élargissent l’esprit, se mettre à faire une activité qu’on n’a jamais faite avant… Pour l’artiste : Se replonger dans ses données (si on en a) pour les faire parler, réécouter les entretiens, parcourir son journal de bord et ses notes d’observation, jeter en vrac TOUT ce que vous vous dites pour l’instant par rapport à votre sujet / vos données / vos résultats / vos conclusions, réfléchir aux idées qui pourraient aller dans le chapitre suivant même si la rédaction du chapitre précédent n’est pas finie, se fixer des créneaux quotidiens d’écriture libre, dessiner, peindre, faire des collages etc même si on ne sait pas faire, simplement pour faire, sans objectif de production ni de résultat, parodier des paroles de chanson, faire des métaphores, écrire des haikus, et flâner, car l’artiste a besoin qu’on relâche la pression... Pour le.la juge : Faire du tri, organiser ce que vous avez déjà, mettre par écrit tous vos commentaires, critiques, pensées, les observer en vous demandant quelles suppositions vous faites, passer en revue vos différentes idées en se demandant chaque fois ce qu’il y a d’intéressant dans le matériau / l’idée / l’article / le concept mais aussi quelles en sont les limites… ou inversement, si vous avez tendance à voir le négatif facilement, forcer la première question, faire des choix. Pour le/la guerrier.e : s’il y a besoin de réveiller le lion, mettre par écrit pourquoi vous faites une thèse, en rédigeant en écriture libre et pas en bullet points. Lister toutes les victoires que vous avez remportées depuis le début de votre thèse, même petites. Si vous avez une idée que vous n’avez pas encore poussée mais dont vous êtes convaincus, écrire tout ce qui la justifie dans vos données et résultats même si vous n’avez pas tout analysé. Structurer vos idées en un plan, écrire l’introduction et la conclusion, les idées clés par partie puis sous-partie, puis rédigez le détail. Identifiez les (bonnes et mauvaises) excuses qui vous retiennent et lancez-vous (voir l’article précédent !). Veiller à la façon dont vous utilisez votre énergie. Vous verrez aussi que tous nos rôles peuvent nous aider à écrire, en déclinant le processus d'écriture différemment Quel rôle souhaites-tu mettre en avant cette semaine ? Quelle action choisis-tu pour l’aider ? NB : Ces quatre rôles viennent du livre A kick in the seat of the pants de Roger Von Oech, qui date de 1986 mais que j'adore. PS : Si tu veux recevoir chaque lundi un message
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Autrice
Doctorante en fin de thèse quand je lance ce blog, j'ai mis à profit mes 15 années d'expérience professionnelle et de développement personnel préalables pour vivre au mieux cette aventure pour moi et des collègues. Ces dernier.e.s m'ont incitée à partager plus largement, et Puissant.e.s Doctorant.e.s est né ! Archives
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