![]() Après le témoignage d'Estefania, il y a quelques temps, c'est Noémie qui nous partage aujourd'hui son expérience. Noémie Guérif a soutenu une thèse en Didactique des langues le 5 décembre 2019 à l’Université d’Aix-Marseille. Elle est aujourd’hui spécialiste en éducation pour l’ONG Enfants du monde et travaille pour l’inclusion des langues des élèves à l’école. En 2018, elle a co-fondé l’association Parent(thèse) Bretagne-Loire avec Estefania Dominguez (docteure en Didactique des langues) et Matthieu Josselin (docteur en Sciences du langage et de l’éducation). Elle nous parle de l'après-thèse, que l'on a tendance à occulter et revient sur des compétences que le doctorat lui a permis de développer. Chère et cher puissant·e doctorant·e,
Je voudrais te parler de l’après-thèse… en quatre actes. Premier acte : Que vais-je devenir ? LOL J’ai souvent entendu qu’il était important de préparer son après-thèse… Pour ma part, j’ai toujours eu du mal à me projeter : la seule projection que j’avais durant ma thèse, c’était de déposer le manuscrit et de soutenir ! Était-ce la peur de me confronter à une nouvelle étape qui freinait mon imagination ? De savoir que la compétition sur le marché du travail serait peut-être rude ? Qu’après 5 ans à côtoyer le monde universitaire, je n’avais peut-être plus les codes ou les compétences pour trouver un travail en dehors de ce monde-là ? Et puis, à vrai dire, j’étais aussi perdue, je ne savais plus ce que je voulais vraiment… Je repense aux échanges que j’ai eus avec une de mes collègues de pomos (pomos pour toujours !), sur l’un de mes derniers séjours de rédaction, où on rigolait (ou pas…) à se dire qu’on serait bien plus heureuses à élever des chèvres ou à tenir une guinguette ! Deuxième acte : Qu’est-ce que je veux vraiment ? YOLO Concrètement, j’ai commencé à me pencher sur mon après-thèse juste après le dépôt du manuscrit. Le dépôt m’a automatiquement donné des ailes : une sensation de légèreté que je n’avais plus connue depuis longtemps ! Le stress de la soutenance n’était pas encore là car j’avais deux mois pour me préparer. J’avais alors l’occasion et le luxe de me demander : qu’est-ce que je veux vraiment ? Qu’est-ce que je ne veux pas ou plus ? Cette réflexion a été très stimulante et créative. Je faisais des listes à n’en plus finir : la liste des compétences que j’avais acquises durant la thèse, la liste des difficultés que j’avais rencontrées et comment je les avais surmontées, la liste des organisations ou entreprises pour lesquelles j’aimerais travailler, la liste des valeurs qui comptent pour moi, etc. Alors que la thèse avait créé une quête souvent inatteignable de perfection et de rigueur, cette phase de réflexion libre et sans limites, c’était le kif total ! Ça m’a vraiment redonné confiance car j’ai pu prendre conscience du chemin parcouru et de ce que j’avais appris durant l’expérience doctorale. Donc après quatre ans dans la précarité universitaire française (#vacataires #contractuel·le·s), ce que je voulais, c’était 1) être payée à la hauteur de mes compétences 2) travailler dans une équipe interculturelle 3) que le résultat de mon travail aide des gens, et cela de manière visible. Troisième acte : Comment y arriver ? OMG Mon école doctorale proposait plusieurs ateliers de formation pour préparer l’après-thèse. Un premier m’a aidée à me remettre le pied à l’étrier des lettres de motivation, CV et entretiens. Un deuxième, quelques jours avant ma soutenance, portait sur les solidarités internationales. La formation et la formatrice étaient top (#MarlèneHyvert) ; elle nous a incité·e·s à nous rendre visibles, à réactiver les personnes de nos réseaux, à cibler ce qui pouvait vraiment intéresser les recruteurs et recruteuses dans notre expérience doctorale, etc. Sur ses conseils, j’ai aussi créé mon profil linkedin (I’m so 2000 late… I know…) et c’est par ce biais qu’une agence de recrutement a repéré mon profil et m’a envoyé une offre de poste : une ONG cherche un·e spécialiste en didactique de langues : whaaaaat ?! La chance avait toqué à ma porte… Je ne coche pas toutes les cases mais j’y vais quand même. Je me prépare comme une dingue : je me remets à jour sur les connaissances qui me manquent, je passe plusieurs jours sur la lettre de motivation, je réalise plusieurs simulations d’entretien avec des ami·e·s, bref. Je donne tout. Deux entretiens et un test plus tard, je n’ai finalement pas le poste. C’est évidemment une énorme déception… Mais l’ONG souhaite quand même travailler avec moi, sous la forme d’une collaboration ponctuelle et extérieure, ce que j’accepte car c’est l’occasion d’avoir une première expérience dans le milieu. Et après 7 mois de collaboration, on m’a proposé le poste pour lequel j’avais postulé quelques mois auparavant ! Quatrième et dernier acte : Qu’est-ce que je retiens de mon expérience doctorale aujourd’hui ? OKLM Indépendamment d’une expertise en didactique des langues (et pourtant « je sais que je ne sais rien », merci Socrate pour ce rappel), je dois dire que mes capacités d’analyse, de problématisation, de communication structurée, de gestion de projet (oui la thèse est un projet !) me sont bien utiles aujourd’hui. Tout comme la capacité à identifier la difficulté et à proposer une solution. La capacité à recevoir les critiques est aussi une compétence que j’avais identifiée dans ma phase réflexive. Et il y en a plein d’autres que toi-même tu sais Au cas où ça peut te servir, voici ce que j’avais pu identifier dans ma liste de compétences développées durant le doctorat :
Il peut être difficile de préparer l'après-thèse quand le dépôt semble loin, et qu'il ressemble peut-être à un mirage qui recule au fur et à mesure que l'on avance. Que tu prépares ton après-thèse dès la première année de thèse, pendant la dernière ou pas du tout, tout est OK, à chacun·e son rythme ! Et si tu as envie toi aussi de partager ton expérience, même en cours de thèse, quel que soit le stade auquel tu en es, écris à [email protected]
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Autrice
Doctorante en fin de thèse quand je lance ce blog, j'ai mis à profit mes 15 années d'expérience professionnelle et de développement personnel préalables pour vivre au mieux cette aventure pour moi et des collègues. Ces dernier.e.s m'ont incitée à partager plus largement, et Puissant.e.s Doctorant.e.s est né ! Archives
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