Alors ça y est, tu as repris le rythme ? Avec la rentrée, on redémarre souvent toutes nos activités, professionnelles et personnelles en espérant mieux gérer que l'an passé, mais sans vraiment se poser de questions sur les moyens de trouver un équilibre qui nous conviennent. « Je me suis dit que j’allais peut-être commencer à reprendre des week-ends et arrêter de bosser 12h par jour »
« Moi ? je bosse de 10h à 22h tous les jours. Bon, sauf quand je suis malade, ou que j’ai des migraines, genre tous les 15 jours » « Chaque fois je me dis que je vais bosser à fond sur ma thèse et je me retrouve à faire plein d’autres trucs. » « Ce trimestre je donne des cours à fond, je me remettrai à la thèse après. » « Mon copain me reproche de bosser le week-end, mais vu que j’ai un taf les lundi et mardi, je suis obligée, non ? » Nous avons parlé précédemment de l’importance de structurer nos créneaux de travail, par exemple en les découpant en pomodoros avec des objectifs clarifiés et en veillant à préserver des pauses et en démarrant nos journées par une activité ressourçante. Mais qu’en est-il du rythme global ? Cours à donner et copies à corriger, emploi en marge de la thèse, bénévolat, conjoint ou partenaire(s), enfants, sport ou autres activités sociales, ami.e.s, famille… Comment concilier la thèse avec les autres engagements et le reste de la vie ? Si j’en crois mon expérience et celle de bon nombre autour de moi, il n’y a jamais assez de temps pour tout. Peu importe à quoi nous passons notre temps, la frustration de ne pas en passer plus sur autre chose et la culpabilité guettent. Et souvent, nous nous faisons happer et la thèse est reléguée à plus tard, quand nous aurons le temps, jusqu’à ce que nous n’ayons plus le temps car l’échéance finale se rapproche trop et nous paniquons. Comment sortir de ce schéma ? Je n’ai pas de recette miracle, mais un exercice qui m’a beaucoup aidée pour moins subir et davantage choisir que j’ai envie de vous partager. D’abord, je liste tout ce qui est important et nécessaire dans ma vie, en étant la plus exhaustive possible. Ca donne un truc comme ça :
Je note ensuite le temps que je souhaiterais passer pour chaque élément par semaine idéalement, en additionnant le temps que je veux passer quotidiennement et le temps que je veux passer ponctuellement dans la semaine. Puis je fais le total d’heures pour une semaine. Généralement, il est supérieur au nombre d’heures disponibles, car j’ai beaucoup plus d’envies que ce qui est possible (sinon, il n’y aurait pas besoin de réajuster !) Troisièmement, je fais des choix pour ajuster la durée des différentes activités pour que cela rentre dans 168h. Certaines activités peuvent être réduites ou limitées. Par exemple j'ai choisi de n’envoyer qu’un mail Puissant.e.s Doctorant.e.s par semaine alors que j’aimerais que ça soit tous les jours ou au moins deux fois par semaine et que j'avais plein d'idées de trucs que je pourrais faire. Je peux faire une demie heure de yoga par jour au lieu d’une heure tout en conservant les bénéfices etc. D’autres activités peuvent être réduites drastiquement ou supprimées car finalement elles ne sont pas vitales, d’autres peuvent être supprimées mais uniquement temporairement, et d’autres doivent impérativement être maintenues un minimum sous peine de perdre sa vitalité. Et ces choix de ce qui est vital ou non sont propres à chacun et à chaque période. Pour moi, supprimer tout loisir culturel et ne regarder aucun film, aucune série pendant des mois ne me pose aucun problème par exemple, par contre si je supprime tout sport je le paye très vite. Je peux ne plus faire de soirées et de grosses sorties pendant des mois par contre je ne tiens pas si je ne garde pas un contact étroit avec mes quelques meilleures amies. Cette étape implique des deuils car choisir c’est renoncer. Par contre, c’est ce qui permet ensuite de ne pas arbitrer constamment ni de décider de façon réactive ou subie mais selon des choix réfléchis. A l’usage, cela me semble bien moins couteux en termes d’énergie et de charge mentale. Enfin, je note pendant une ou quelques semaines la durée réelle (en gros), histoire de me rendre compte si j’ai oublié des gros postes (par exemple, dans la liste ci-dessus, j’avais oublié les repas ! hors manger prend un peu de notre temps… Et je n’avais pas non plus mis les réseaux sociaux, chronophages) ou si j’ai très mal évalué le temps que me prend une activité. Ceci dit, plus je fais cet exercice, plus je sais évaluer mon temps et cette étape est moins nécessaire. Cela me permet soit de réajuster ma répartition, soit de revoir mon organisation pour passer moins de temps à cette activité. Par exemple, j’ai réalisé que le temps que je passais à faire les courses était bien supérieur à ce que j’imaginais alors j’ai cherché comment y passer moins de temps. "Il est super contraignant ton exercice ! C'est trop rigide, trop je sais pas quoi, moi je peux pas". C'est ce que je me suis dit lorsque je l'ai découvert. Et puis j’ai décidé d’essayer, pour voir, me disant que je n'avais pas grand chose à perdre, en l’utilisant non pas comme une contrainte mais comme un repère et depuis je le fais régulièrement, à chaque changement de phase de vie ou quand je sens que le rythme ne me convient plus. Il me permet d’avoir une meilleure conscience de l’usage de mon temps, de me rendre compte de ce qui est vital pour moi (au sens prendre du terme, c’est-à-dire ce que je ne peux pas supprimer sans perdre une partie de ma vitalité, de ma vie) et ce qui est du confort. Et surtout, il me permet de faire mes choix en amont et au lieu d’être tiraillée à chaque instant ni de culpabiliser a posteriori. Pour mes derniers mois de rédaction par exemple, cela m’a permis de me rendre compte que les semaines où je n’avais pas les enfants, « être à fond sur ma thèse » voulait dire pour moi faire en moyenne 6 à 7 pomodoros de rédaction de thèse par jour 5 jours par semaine et 3 ou 4 pomodoros au total le week-end. J’ai inséré trois routines de yoga/marche/sport de 30 minutes par jour auxquelles je me suis tenue, de rencontrer ou appeler mes amies sur les pauses déjeuner, de caser les courses et autres tâches qu’il faut bien faire, d’écrire un article Puissant.e.s Doctorant.e.s par semaine (sans être frustrée de ne pas en faire plus !). J’ai arrêté le yoyo des 8-10 pomos par jour puis être cramée et/ou ne pas bosser du tout car j’ai ma to-do list des autres trucs obligatoires qui n’a pas avancée, ça m'a permis d’être bien plus régulière. Je me suis rendu compte que de la sorte, la majorité de mes pomos étaient efficaces. Et du coup dans la durée, ça s’est avéré un stratégie gagnante pour moi. Et les semaines ave enfants, cela voulait dire conserver ma routine de sport, ne faire « que » 5 pomos les jours d’école, 2 ou 3 les mercredis et 1 ou 2 au mieux le week-end (juste pour ne pas perdre le fil et m’y remettre plus facilement le lundi) mais de continuer d’écrire un article puissants doctorants par semaine, et de consacrer du temps de qualité à mes enfants. Bien sûr cela n’est jamais parfait, et je ne suis pas exactement la répartition. Mais ces repères m’ont évité beaucoup de pression et de culpabilité, donc cela m’a libéré du temps de cerveau et allégé les émotions pour mieux traverser cette période. Et cela a aidé à ce que les séances de travail soient certes moins nombreuses que mon idéal, mais plus régulières et de meilleure qualité. Donc finalement c’était un bon calcul. Que tu fasses la thèse « à plein temps » ou en plus de cours ou d’un autre emploi, avec ou sans enfants, avec ou sans partenaire à prendre en compte, avec un parent malade à gérer, avec un déménagement ou des travaux ou un logement stable, avec un besoin de vie sociale pour te ressourcer ou au contraire de temps solo, le temps dédié à la thèse est toujours, toujours à concilier avec plein d’autres choix. L'idée est de faciliter cette conciliation. On passe à l'action ! Je t’invite aujourd’hui à te poser pour prendre le temps de choisir comment tu veux vivre les semaines ou mois qui viennent, en fonction de tes envies et de tes contraintes. Dessine sur papier ou dans un tableur un tableau avec 6 colonnes et au moins une quinzaine de lignes. En colonne 1, liste de la façon la plus détaillée et exhaustive possible tous les domaines de ta vie et toutes les actions importantes pour toi. Tu peux t'inspirer des catégories indiquées ci-dessus. Dans la 2ème colonne indique combien de temps tu aimerais y passer par semaine si tu pouvais y passer autant de temps que tu le souhaites. Fais le total. Dans la 3ème colonne, réajuste le temps pour qu’il rentre dans les 168h que comporte une semaine, en faisant des choix conscients de priorité. Cette étape demande une vraie réflexion et des choix judicieux pour qu’une activité puisse répondre à plusieurs besoins d’un coup. Par exemple, si tu as besoin de sport, de temps solo et de temps dans la nature pour te ressourcer, tu préfèreras peut-être aller faire du jogging ou du yoga seul dans un parc, alors que si tu as besoin de contact social pour te ressourcer tu choisiras peut-être un sport collectif. Si tu aimes cuisiner et passer du temps avec tes enfants, peut-être que la cuisine peut devenir une activité partagée avec eux, etc. Il ne s’agit pas de créer de nouvelles contraintes mais d’être créatif et conscient pour intégrer des créneaux suffisamment fréquents pour pouvoir travailler à la thèse régulièrement sans se "cramer". Dans la 4ème colonne, note au fur et à mesure le temps réellement passé, sans jugement, simplement en observant. En fin de semaine fais le total et compare avec le temps choisi. Dans la 5ème colonne, réajuste ta répartition choisie si besoin pour la semaine suivante. Je t'invite ensuite à tester ton rythme pendant 3 à 6 semaines puis à observer si cela a eu des effets sur ton travail, ton moral, ton énergie, ton équilibre, et décider ce que tu conserves et ce que tu modifies.
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Autrice
Doctorante en fin de thèse quand je lance ce blog, j'ai mis à profit mes 15 années d'expérience professionnelle et de développement personnel préalables pour vivre au mieux cette aventure pour moi et des collègues. Ces dernier.e.s m'ont incitée à partager plus largement, et Puissant.e.s Doctorant.e.s est né ! Archives
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